Hé bien, bienvenue Phixam !
Vos cœurs sont dont bien larges dans la famille ! Et un nouvel enfant dans une telle famille est une joie !
Bravo d’avoir si longtemps réfléchi à votre projet d’adoption.
Bien sûr, vous n’êtes qu’au début d’une
très grande aventure…
Vous avez raison de vous interroger, mais en même temps de garder votre enthousiasme.
Un conseil : à l’arrivée de l’enfant, n’oubliez pas que vous accueillerez un
petit être en deuil de sa mère de naissance (dans le ventre de laquelle il aura vécu neuf mois, en principe) et qu’il l’aura donc connu plus longtemps que vous,
en deuil de son milieu d’origine et de ses odeurs, et de ses bruits, et de sa musique (déjà apprise in utero), etc..
Alors, gardez-le bien au chaud
pour vous,
sans le laisser passer de mains en mains ignorantes des implications ce deuil, de cette souffrance, de cette « douleur primitive » comme l’écrit Nancy Verrier (De Boeck – Trad. Fr. Hallet).
Gardez-le avec vous le plus longtemps possible. Six mois est un minimum. C’est long mais indispensable pour compenser les 9 mois dans le ventre de sa maman de naissance, sans compter les différentes mains par lesquelles il sera passé, et le peu de soins, soins dont il aura sûrement manqué.
Et si par malheur il se cabre, s’il se détourne de vous, s’il vous refuse le regard, alors n’hésitez pas à consulter avec votre enfant : ce sont des signes avant-coureurs de vous refuser.
Non parce qu'il ne vous aime pas.
Il vous démontrera le contraire rien qu'en apprenant votre langue par exemple, et vos coutumes, mais par
loyauté, aussi incroyable que cela paraisse, à l'égard de son passé et, évidemment, de sa maman de naissance.
Mais, pris très tôt en charge par un thérapeute spécialisé,
votre bonheur pourra se construire, car il n’est, vous vous en doutez, et dans aucune circonstance, hélas jamais acquis d’avance.
Bonne route !
serge.pragormine@laposte.netpsychothérapeute communautaire.