Voici le chapitre qui me fais poser cette question. Je ne veux pas toujours passer pour ....
PARENTS DE COEUR de Sherrie Eldridge, Comprendre et aider l'enfant adopté. (acheté au Delhaise 5 euros) chapitre 16 La face cachée des anniversaires.
Mes parents adoptifs ont toujours tout mis en oeuvre pour célébrer avec joie mon anniversaire. Ils invitaient des camarades, m'offraient mille et un cadeaux. Mais jamais je n'ai vraiment pu me réjouir lors de ces fêtes pourtant emplies d'affection. Au fond de moi, je me sentais triste. Mal dans ma peau. Angoissée. On avait beau me gâter, cette tension intérieure demeurait, aggravée, qui plus est , par un sentiment de culpabilité : tout le monde était si gentil avec moi, et j'étais malheureuse ! On devait me juger bien ingrate! Ce malhaise a persisté au fil des années : à chacun de mes anniversaire, des sentiments inexplicables, contradictoires, m'assaillaient. J'étais heureuse, impatiente même, de fêter mon anniversaire et, inévitablement, cette journée était gachée par mon manque d'enthousiasme.
Peu à peu, j'ai compris pourquoi : je ne voulais pas fêter le jour de ma naissance. J'en étais incapable. Même bien plus tard, alors que j'étais mariée et mère de deux enfants, j'ai continué à renacler à célébrer le jour de ma naissance. Ce n'est que grâce au temps, et à l'analyse de ce qui se passait en moi, que j'ai pu juguler mes sentiments négatifs et être en paix ce jour là.
La majorité des personnes adopées éprouvent ces sxentiments si particuliers lors de leur anniversaire. A fortiori les enfants...
De la naissance
Un anniversaire est un jour heureux : on souffle des bougies, on reçoit des cadeaux, on rit. Mais, pour celui ou celle qui a été adopté, ce jour rappelle le drame à l'origine de l'adoption : l'abandon initial. Ce drame est ancré, impossible à oublier. Même une personne qui à été adoptée au premier âge de sa vie s'en souvient au plus profond d'elle-même.
De nombreuses personnes adoptées ont une réaction, souvent inconsciente, par rapport à ce que représente leur anniversaire. Cette réaction engendre parfois un réel désespoire : comment comprendre que ce jour là on se sente si mal ? La réponse est purtant simple : qui aurait envie de célébrer le jour où on a été abandonné par sa mère ?
Avec les meilleurs intentions du monde, les parents souhaiterons célébrer l'anniversaire de leur enfant comme celui de n'importe quel autre enfant. Mais ils ne devineront pas forcément que, ce jour là, il aura le coeur sérré, sans comprendre pourquoi. Plus ou moins confusément, il songera à sa mère de naissance, s'interrogera("pense-t-elle à moi, aujourd'hui?"). Dans ce contexte, des parents ayant gardé une vision romantique de l'adoption risquent fort de mal réagir : un enfant adopté ne se doit-il pas d'être heureux? reconnaissant d'avoir une famille? Mais voilà, à cause de sa morosité, de sa tristesse, il déçoit ces parents, sa famille adoptive, ses amis... Là, un cercle vicieux risque de s'instaurer : conscient d'être obligé de se conformer à l'image idéale de l'enfant adopté, l'enfant risque d'étouffer ses sentiments. Il taira sa solitude, son chagrin, ou, au contraire, se montrera maussade, agressif, et parfois même franchement en colère...Les parents seront alors totalement démunis.
Des anniversaires qui n'en sont pas
Les témoiganges suivant sont éloquents :
"Elle va venir?interroge un enfant de 3 ans.
-Qui? demande sa mère adoptive.
-Mais tu sais bien ! La dame ! Celle où j'ai grandi !"
"Le jour de mon anniversaire, je quitte ma maison : je ne veux surtout pas être l'objet d'attentions particulières", confie Marc, 30 ans.
"Je déteste mon anniversaire", témoigne Tristan, 20 ans.
Pour Dan, le jour de son anniversaire à toujours eu un goût doux-amer.Enfant, il avait le sentiment de vivre un entre-deux : lors de son anniversaire, il pensait à sa mère de naissance, très fort, si fort qu'il avait l'impression d'être en communication avec elle.Mais lorsqu'il en parlait, sa famille adoptive avait du mal à le comprendre."Le jour de mon anniversaire, j'aurais aimé être plus proche de mes parents adoptifs", avoue-t-il.
"Mon anniversaire est le jour le plus triste de l'année, confie Mélinda. Mon mari le sait, car je reste au lit et je pleure. Je ma demande toujours si ma mère se rappelle quel jour on est..."
"Durant mon enfance, j'avais toujours l'impression d'être l'invitée indésirable à mon propre anniversaire. J'était présente, mais je n'éprouvais rien: je me sentaos comme déconnectée par rapport aux autres. Une fois adulte, j'ai compris qu'il était vain d'essayer de ressentir de la joie ce jour là...Puis j'ai entrepris une thérapie. Le temps à passé. J'ai fêté les anniversaires de mes enfants. Et, peu à peu, je me suis réconsiliée avec mon propre jour d'anniversaire. Mais il m'a fallu du temps pour que je sois capable de me sentir heureuse d'avoir été mise au monde", Téoigne Connie Dawson, psychothérapeute.
Bon nombre de personnes adoptées- enfants, adolescents et adultes- ressentent cette impression de dissociation, de détachement, et ce malaise lors de leur anniversaire : ils doivent célébrer le jour où ils ont été séparés de ceux qui les ont conçus et, en même temps, faire plaisir, répondre à la joie sincère de ceux qui les ont accueillis. Un jou douloureux paradoxe. Mais cette situation n'est pas figée : des parents ayant conscience de la contradiction que vit l'enfant peuvent l'aider, l'accompagner..., de sorte qu'un jour il puisse réellemnt célébrer sa naissance.
Comment l'aider
--Repérez les signes de malaise
Certaines attitudes signalent que l'enfant est mal à l'aise, en proie à un conflit intérieur, qu'il doute peut-être de l'affection que sa famille adoptive lui témoigne :
-il/elle est incapable de s'amuser;
-il/elle essaie avec insistance de vous faire plaisir;
-il/elle veut se cacher ou cherche à s'enfuir;
-il/elle critique les personnes qui lui ont fait des cadeaux;
-il/elle critique les cadeaux;
-il/elle est trop rêveur(veuse), visiblement ailleurs en pensée;
-il/elle reste très silencieux(se), réservé(e),
-il/elle se met en colère, puis s'autocritique avec virulence;
-il/elle s'autocritique pour un rien;
-il/elle fait preuve d'une nervosité inhabituelle;
-il/elle minimise l'importance de son anniversaire("ce n'est pas important")
-il/elle gâche la fête.
Cela dit, tous les enfants adoptés ne souffrent pas le jour de leur anniversaire :
"Maman a su rendre ce jour vraiment unique, confie Katia.Une fois, quand j'étais petite, j'ai eu le droit d'inviter toute ma classe ! "
"J'ai toujours eu l'impression d'avoir deux anniversaires, témoigne William.Mes parents ont toujours célébré le jour de mon adoption et le jour de mon anniversaire."
--Créez un rituel
Comme le souligne le témoignage de William, le rite instauré par ses parents adoptifs lui a permis de sentir une continuité, un lien, entre les deux dates.Une idée à retenir...
Vous pouvez également recourir à la boîte à chagrin : pourquoi ne pas yajouter une bougie, qui symbolisera l'anniversaire de l'enfant?Dans le même esprit, vous pouvez utiliser son"album de vie"-le parcourir avec lui, le lui lire-ou l'inciter à relire la "lettre de bienvenue" que vous lui avez écrite.
--N'hésitez pas à lui poser des questions franches
La veille de son anniversaire, et le jour même, vous pouvez très bien l'interroger directement : demandez-lui ce qu'il souhaiterait faire pour son anniversaire et ce qu'il ressent.Le cas échéant, mettez-le à l'aise en lui assurant qu'on a parfaitement le droit de se sentir triste, ou en colère, à l'approche de son anniversaire, qu'il est important d'en parler et que vous, ses parents, ferez de votre mieux pour comprendre.
--Apaisez-le
Pensez à tout ce qui peut le rassurer : s'il aime être caressé dans le dos, faites-le ! Les massages sont particulièrement bénéfiques pour alléger les tensions internes. Créer un rituel au moment du coucher peut aussi être source de bienfaits : lire une histoire supplémentaire, évoquer de beaux rèves, mettre une musique qu'il apprécie...
Voilà, reconnais que quand on lis çà, on se pose aussi des questions...